Interview de Fabien Billiaert – Associé chez Arsene Taxand

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Pouvez-vous s’il vous plait présenter votre parcours professionnel ?

Je fais partie de la promotion 2008-2009 du Master 221, je suis un pur produit dauphinois puisque j’ai commencé mon parcours par le DEUG éco-gestion de l’Université Paris Dauphine avant de rejoindre le parcours droit gestion. J’avais d’abord intégré Dauphine pour me diriger vers des études de finance, mais la découverte du droit des affaires m’a incité à rejoindre ce double cursus droit et gestion. J’ai trouvé que la fiscalité constituait un bon entre-deux. Concernant les prix de transfert, il s’agissait d’une matière assez neuve en 2008-2009 et dont on parlait assez peu dans le cursus du Master 221, ce qui a beaucoup changé depuis. 

S’agissant de mon stage, ce qui m’intéressait était de pouvoir découvrir la pratique en cabinet, notamment parce que je me destinais à une carrière d’avocat. Un cabinet en particulier a retenu mon attention, Arsene Taxand, qui était à l’époque assez nouveau, ayant moins de cinq ans d’existence. C’est ce qui m’a convaincu de rejoindre l’équipe prix de transfert composée à l’époque de quatre personnes, car il y avait cette perspective d’intégrer une équipe resserrée dans laquelle j’avais la certitude de pouvoir faire beaucoup de choses dans le cadre de mon stage du Master 221. 

C’est dans ce cadre que j’ai pu apprécier la qualité du cabinet et de l’équipe et que j’ai pu confirmer mon appétence pour la matière des prix de transfert, ce qui m’a incité à rester au cabinet Arsene dans lequel je suis depuis 2009 et au sein duquel j’ai gravi tous les échelons (en qualité de collaborateur junior puis senior, manager, senior manager et maintenant associé au sein de l’équipe prix de transfert et fiscalité internationale qui compte aujourd’hui vingt-quatre personnes).  C’est une équipe qui s’est beaucoup développée – à l’image du cabinet – avec la satisfaction pour moi d’avoir contribué au développement de l’équipe et le sentiment d’avoir moi-même évolué et grandi avec elle. Œuvrer à la croissance d’une équipe et faire en sorte d’offrir les mêmes perspectives d’évolution aux personnes qui la composent aujourd’hui est un travail difficile, nécessairement collectif, mais source d’une grande satisfaction personnelle et collective.

En ce qui me concerne, j’ai débuté mon activité en régime salarié, c’est-à-dire que je faisais l’EFB en cours du soir dans le cadre du cursus spécifiquement réservé aux salariés. Cela m’a permis d’intégrer le cabinet Arsene Taxand directement à la fin du 221 tout en suivant la formation d’avocat. 

Quand vous avez commencé, Arsene Taxand était un cabinet encore assez jeune et dynamique, vous pensez que c’est toujours une qualité du cabinet aujourd’hui ?

Oui, Arsene est un cabinet qui se développe toujours énormément, par exemple les recrutements représentent chaque année à peu près entre 10% et 20% des effectifs, et faire croître les équipes d’une telle manière traduit la dynamique de développement qui est toujours celle du cabinet. J’en suis aussi un exemple très concret, étant moi-même jeune associé du cabinet au sein d’une promotion de quatre jeunes associés. Cela démontre la capacité du cabinet à se développer, se renouveler et sa capacité à promouvoir ses talents en interne, qui est selon moi quelque chose de très important en termes de critère de choix d’un cabinet. 

S’agissant de la structure d’exercice, le conseil que je donnerais à de futurs avocats est que parmi les critères de choix d’un cabinet ou d’une entreprise, il est important d’être dans un environnement avec des personnes avec lesquelles on aime travailler, d’avoir un enrichissement quotidien dans ce métier exigeant, mais aussi de pouvoir se projeter dans un environnement dynamique et se donner des perspectives d’évolution personnelle (si c’est ce que l’on recherche).

A titre personnel, le fait de contribuer aujourd’hui à la formation des plus jeunes et à leur développement est un élément très important dans le rapport que j’ai à mon métier et au sens que j’entends lui donner.

L’encadrement des plus jeunes au sein du cabinet vous tient à cœur, est-ce que c’est aussi la raison pour laquelle vous enseignez au sein du 221 ? 

Absolument, c’est l’une de mes motivations, ce n’était pas forcément inné chez moi mais c’est la vie en équipe et la nécessité d’avancer et d’évoluer collectivement qui a généré en moi cette appétence pour la transmission. 

C’est d’abord à travers cette vie au cabinet que j’ai pris plaisir à rencontrer des gens, à me nourrir de leur expérience, à les encadrer et à les aider à progresser et à évoluer.

J’ai eu l’occasion d’enseigner la fiscalité de l’entreprise à l’EDHEC, auprès d’étudiants qui ne se destinaient pas au métier d’avocat fiscaliste. Il était donc intéressant d’essayer de faire passer un certain nombre de messages sur ce qu’est la fiscalité de l’entreprise et de partager avec eux la fibre entrepreneuriale que j’ai moi-même pu découvrir et déployer au sein du cabinet dans lequel j’exerce.

J’enseigne également les prix de transfert au sein du Master 221. 

J’ai une affinité très particulière avec ce master, dans lequel j’étais étudiant, et lorsqu’il m’a été proposé d’animer un cours sur les prix de transfert au sein du master, j’ai immédiatement accepté. 

Mon intervention au sein du master a commencé par une conférence de trois heures sur les prix de transfert. A l’époque j’étais assez jeune dans le métier et je pense que c’était intéressant de partager ma vision en tant que jeune collaborateur avec des étudiants car j’étais à leur place il y a peu. Puis on m’a proposé d’animer un cours de prix de transfert plus conséquent de dix-huit heures aujourd’hui, ce qui est assez innovant par rapport à d’autres masters, car cela inscrit les prix de transfert comme un cours à part entière au sein du cursus. Ma volonté est de sensibiliser les étudiants sur cette matière, car les questions prix de transfert sont plus que jamais d’actualité. 

Que ce soit en qualité de juriste d’entreprise ou d’avocat en cabinet, le fait d’avoir des bases en prix de transfert, d’avoir ces réflexes, devra leur permettre de soulever des sujets et le cas échéant d’interagir plus facilement avec des spécialistes de la matière. 

Concernant l’évolution de la matière des prix de transfert et sa pratique au quotidien ? 

Il s’agit d’une matière qui a beaucoup évolué, on le voit à la fois dans les flux traités, mais également dans la diversité des travaux réalisés en tant que praticien. Les prix de transfert il y a quinze ans étaient vus comme un élément de compliance mais aujourd’hui leur dimension est beaucoup plus stratégique, et beaucoup plus contentieuse. Il y a notamment une dimension de conseil stratégique dans le cadre de la mise en place d’activités ou de flux, ou encore de réorganisation d’activités existantes. Les prix de transfert ont un réel impact en termes de stratégie fiscale et de planification, ce qui fait que cette matière est désormais appréhendée au plus haut niveau des groupes. Les différents travaux de l’OCDE ont évidemment contribué à sensibiliser les responsables financiers et dirigeants des groupes, ainsi que les investisseurs. 

Dans ce contexte, il me semble indispensable aujourd’hui de dispenser un cours sur les prix de transfert au sein d’un master de fiscalité de l’entreprise comme le 221, car il s’agit d’un sujet que les élèves seront amenés à appréhender d’une manière ou d’une autre dans leur parcours et leur carrière. 

Que vous a apporté le 221 dans votre parcours professionnel ?

Ce que m’a apporté Dauphine, au-delà du bagage technique, c’est d’abord une vision professionnelle du métier. Ce qui était assez innovant à l’époque était le fait d’avoir des cours dispensés par des praticiens issus du monde de l’entreprise ou de cabinets d’avocats. Je trouve qu’à l’époque c’était déjà une très grande richesse que d’avoir des enseignants qui venaient du monde de l’entreprise et qui étaient à des postes prestigieux et dans des groupes qui avaient une vision très dynamique et très business de la fiscalité. Pour moi c’était un élément très différenciant du Master 221, le fait d’avoir de la théorie, le bagage technique fondamental tout en essayant de projeter la matière fiscale dans un cadre vivant et dynamique, économique et business qui est selon moi la réalité de la fiscalité. 

J’ai vu un enchaînement assez naturel entre la pratique de la fiscalité telle que je l’avais vue dans le 221 et sa pratique au sein du cabinet Arsene Taxand et c’est une vraie force du Master 221. 

Vous arrive-t-il de retrouver des élèves du 221 chez Arsene Taxand ?  

Bien sûr, il y a une grosse communauté d’anciens du 221 chez Arsene, et pas seulement parce que je suis enseignant au sein du master, mais parce qu’historiquement et dès ses débuts, le cabinet est intervenu au sein du master et le cabinet a apprécié l’approche pragmatique et très vite opérationnelle des étudiants de Dauphine et du 221 en particulier. Cette communauté du Master 221 au sein du cabinet Arsene Taxand vient à mon avis d’une vision commune entre le master et le cabinet de la pratique de la fiscalité qui est de s’inscrire dans un contexte vivant, dynamique, opérationnel et c’est, à mon avis, pour cela que les étudiants du Master 221 sont aussi appréciés et peuvent valoriser leur parcours quand ils souhaitent intégrer un cabinet comme Arsene Taxand. 

Que recherchez-vous chez un stagiaire ou futur collaborateur ? Et quels conseils pourriez-vous donner à la nouvelle génération de fiscalistes ? 

D’un point de vue académique, on sait que les personnes sont compétentes et qu’elles ont des qualités ayant été démontrées dans le cadre de leur cursus. Ce que nous recherchons, au-delà de leur cursus scolaire, c’est leur capacité à se projeter dans le monde professionnel, à s’investir dans un collectif, et à prendre du recul sur leurs compétences et à les utiliser à bon escient.

Nous essayons également de percevoir, y compris pour des stages, si nous projetons cette personne sur la durée dans notre organisation, voir si cette personne pourra demain encadrer des nouveaux arrivants. Il faut savoir se projeter à long terme ou à tout le moins ne pas avoir une approche trop courtermiste. 

Mon conseil est d’aller voir par soi-même, se faire sa propre expérience et son propre avis, ne jamais s’arrêter à ce qu’on peut entendre d’un cabinet ou d’une entreprise. C’est très important, dans un métier exigeant comme le nôtre, de travailler avec des personnes avec lesquelles on aura plaisir à échanger et à collaborer au quotidien.

Privilégier une approche trop courtermiste serait à mon avis une erreur, car il y aura toujours des motifs d’insatisfaction, mais la question est de se demander si cela en vaut la peine. Au moment d’apprécier différentes offres, il faut se demander ce qu’il se passera au-delà de la satisfaction ou de l’insatisfaction à court terme, il faut anticiper le coup d’après. Pour cela, il faut profiter des temps de rencontre donnés afin de percevoir ce qu’une équipe pourrait vous apporter dans la durée et quel rôle vous pourrez y jouer, aujourd’hui et demain, pour que l’épanouissement personnel aboutisse au succès collectif et inversement. 

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