Entretien avec Pierre Denizot-Heller, Corporate Tax Manager, LVMH

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  • Pouvez-vous nous décrire votre parcours, académique et professionnel, jusqu’à aujourd’hui ?

J’ai un parcours principalement juridique. J’ai commencé mes études à l’Université Panthéon-Assas où j’ai obtenu ma licence en Droit. Puis, j’ai choisi d’intégrer le Master 1 de Droit et Gestion de l’Université Paris-Dauphine déjà dans la perspective d’intégrer le 221.

En effet, ayant en parallèle obtenu le diplôme de l’Institut de Droit des Affaires à Paris II, j’avais découvert la matière fiscale et elle m’avait énormément plu. Je m’étais alors renseigné sur les meilleures formations de fiscalité et le 221, qui apparaissait en haut des classements, a été une évidence, notamment pour son caractère professionnalisant. En effet, les profils des avocats et directeurs fiscaux intervenant au sein de la formation ainsi que l’existence de business games m’avaient motivé à intégrer Dauphine dès le Master 1 afin de maximiser mes chances d’admission au 221.

J’ai donc intégré le Master en 2011 et suis par la suite parti aux États-Unis pour étudier la fiscalité américaine dans le cadre d’un LL.M à l’université Georgetown. Cette expérience m’a été très utile car elle m’a permis de me constituer un réseau amical et professionnel international tout en m’apprenant à interagir avec des clients étrangers et notamment américains.

A la fin de mon cursus EFB, j’ai intégré le cabinet Hogan Lovells, au sein duquel j’avais réalisé mon stage de Master 2, et où j’ai eu la chance de travailler aux côtés de Bruno Knadjian et Virginie Aïdan, eux-mêmes anciens du 221. J’ai ensuite suivi Bruno, alors associé chez Hogan Lovells, pour rejoindre le cabinet Herbert Smith Freehills, avant d’intégrer la direction fiscale du groupe LVMH courant 2019.

  • Pourquoi le 221, et que vous a-t-il apporté ?

A la fin de mon Master I, j’ai candidaté à plusieurs formations en fiscalité. Bien que ma candidature ait été acceptée dans plusieurs universités parisiennes, j’ai d’abord fait le choix de rejoindre le 221 pour la richesse de l’enseignement proposé au sein de l’Université Paris-Dauphine.

Dauphine avait en effet pour avantage de présenter le Droit sous un angle différent axé sur la pratique professionnelle future, changeant de l’université classique. Par ailleurs, les effectifs plus réduits des promotions et la possibilité que j’y ai vu de nouer des liens d’amitié forts entre étudiants m’ont conforté dans cette envie.

Enfin, la finalité du Master étant l’insertion professionnelle, la formation académique dispensée par des praticiens de premier plan et la richesse du réseau des anciens du 221 m’ont apparu comme un atout considérable pour faciliter mon entrée dans la vie active.

  • Quel est, selon vous, le point fort de la formation ?

Le 221 a pour particularité de compter parmi ses enseignants des professionnels, et pour la plupart des anciens du Master, reconnus pour leur parcours et leur expertise, exerçant à la fois en cabinets et au sein des directions juridique et fiscale de grands groupes. Ce lien étroit avec la pratique et la diversité des profils des intervenants offrent selon moi aux étudiants une transition idéale entre l’université et le monde professionnel.

  • Que vous a apporté votre expérience en cabinet ?

Je ne me destinais pas forcément à l’origine à devenir fiscaliste en entreprise. J’ai été en effet très épanoui au cours de ma carrière d’avocat et je prenais du plaisir à travailler en Cabinet où la relation client me plaisait particulièrement. Mon expérience en Cabinet a été à ce titre très formatrice et m’a appris un certain nombre de choses qui me sont utiles aujourd’hui en entreprise.

La pratique étant assez diverse dans les cabinets où j’ai eu la chance d’exercer, j’ai en premier lieu pu me former très largement à la matière fiscale.

Par ailleurs, j’y ai appris à formaliser mon conseil de manière intelligible, efficace et pragmatique et à me mettre à la place de mes Clients et de mes interlocuteurs. Or, c’est, selon moi, une qualité fondamentale pour un bon avocat ou un bon fiscaliste qui doit de plus en plus se comporter comme un véritable business partner et non pas simplement comme un expert.

Avoir conscience de cette nécessité, qui m’a été inculquée dès mes premières années de pratique par mes patrons, me permet aujourd’hui d’accompagner mes collègues des différents services au sein de l’entreprise comme j’accompagnais mes clients en Cabinet avec pour but de les aider à réaliser leurs objectifs.

  • Pourquoi avoir choisir d’intégrer une direction fiscale ?

J’ai d’abord voulu découvrir l’entreprise afin de diversifier mes expériences et d’apprendre de nouvelles façons d’exercer.

L’entreprise me permet en premier lieu de dialoguer avec une palette d’interlocuteurs plus large. En cabinet, les principaux interlocuteurs sont en effet souvent les directeurs financiers, juridiques et fiscaux tandis qu’en entreprise, le spectre est plus large et comprend notamment des collaborateurs opérationnels pour qui la fiscalité n’est pas du tout le cœur de métier. Les échanges, souvent très instructifs avec des profils diversifiés, permettent de sortir du simple cadre de l’expertise fiscale pour s’inscrire dans la stratégie globale de l’entreprise.

J’ai à ce titre découvert en entreprise toute une dimension stratégique qui était moins présente en Cabinet. L’avocat fiscaliste n’est en effet souvent consulté par son Client que pour intervenir à un moment donné d’un projet pour donner un conseil spécifique et à haute valeur ajoutée. Au contraire, le fiscaliste en entreprise s’inscrit dans un temps plus long et assure le suivi d’un projet du début jusqu’à sa fin : de la réflexion d’amont liée à un projet d’investissement par exemple à la gestion des réorganisations et des flux groupe post-acquisition.

Un autre élément que je trouve particulièrement intéressant en entreprise est la possibilité d’intervenir dès le début du contrôle fiscal sans être limité aux phases précontentieuse ou contentieuse, comme c’est souvent le cas en Cabinet où l’avocat fiscaliste n’intervient dans la majorité des cas qu’au stade des observations du contribuable. Le fiscaliste en entreprise participe ainsi plus activement et fréquemment aux échanges avec l’administration fiscale.

Enfin, sur un plan plus personnel, j’ai trouvé en entreprise un équilibre de vie qui me convient parfaitement.

  • Vous dispensez également des enseignements au sein de la formation, quel regard portez-vous sur les promotions que vous voyez se succéder ?

J’interviens au sein de la formation depuis environ six ans et j’y coanime un séminaire sur la fiscalité des opérations de réorganisation transfrontalières avec Virginie Aïdan. J’aime beaucoup enseigner et je le fais d’ailleurs également à l’EFB. Il s’agit pour moi d’une manière enrichissante de transmettre ses connaissances et j’y prends beaucoup de plaisir.

De plus, cela permet de créer un lien avec les étudiants des promotions successives, qui seront nos futurs stagiaires et collaborateurs. Cela me permet également de rendre au Master un peu de ce qu’il m’a donné.

C’est toujours avec beaucoup de plaisir que j’interviens au sein du Master et j’apprécie particulièrement la possibilité d’échanger avec les étudiants à la fin de notre séminaire, notamment sur les questions qu’ils pourraient avoir sur leur carrière professionnelle future.

  •  Un conseil pour les futurs étudiants se destinant à la profession de fiscaliste d’entreprise ?

De mon point de vue, le Cabinet est une bonne école du droit et, bien qu’il existe de nombreux exemples de professionnels qui ont directement commencé de brillantes carrières en entreprise, je pense qu’il est intéressant de débuter sa carrière en tant qu’avocat.

Le Cabinet permet en effet de se former à la fois à la technique juridique et fiscale de manière intensive mais surtout à la relation client, qui est fondamentale aussi bien en Cabinet qu’en entreprise. Les équipes y sont par ailleurs souvent jeunes ce qui permet une progression graduelle et dynamique.

Enfin, il est important selon moi de toujours garder en tête que la fonction fiscale est une fonction support où la notion de prestataire de service est fondamentale. Le fiscaliste est au service de ses interlocuteurs. A ce titre, il me semble particulièrement utile de prendre l’habitude dès le début de sa carrière de se mettre à la place de ses clients ou de ses collègues, de s’intéresser à leur activité, à leurs contraintes et à leurs objectifs. Cela permet de communiquer un conseil adapté, pragmatique et efficace.

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